La grande histoire du Didgeridoo… et de Terra Australis !

Dans la culture Aborigène, le « Temps du Rêve » dit le « Dreamtime », est le fondement de leurs croyances sur les origines du monde. « BUR BUK BOON » était un être qui protégeait sa famille en les préservant du monde extérieur sombre et froid. Il préparait le feu pour maintenir la chaleur et la lumière au sein de leur foyer. BUR BUK BOON trouva une branche d’arbre au sol qui était creusé par des termites encore présentent dans le cœur de cette branche. Il prit la branche et souffla doucement dedans pour en faire sortir les termites délicatement… et un son incroyable se fit entendre… expulsant les termites dans le ciel au beau milieu de la nuit, formant ainsi la Voie Lactée ! Ce son étrange protégerait et bénirait notre Terre ainsi que toutes les âmes et esprits du DREAMTIME pour l’éternité…

A l’origine, il y avait des centaines de communautées aborigènes en Australie. Pour les tribus concernées, l’appelation  » Didgeridoo  » est née lors du colonialisme.

La genèse de cet instrument fait que les tribus, dans leurs dialectes proprement aborigènes, leurs ont donnés des noms différents, tels que  » YIDAKI « ,  » MOLOO « ,   » IHAMBILBIG  » etc., et qui définissent le nom ou le mot  » Didgeridoo  »  donné par les colons lors de leurs invasions.

D’ailleurs les occidentaux l’écrivent de 2 façons différentes comme : Didgeridoo ou Didjeridoo.

En l’an 1522, l’explorateur Portugais CRISTOVAO DE MENDONCA est le premier Européen à mettre les pieds sur les terres d’Australie, dites « Terra Australis« . Suivra le lieutenant JAMES COOK de la Royal Navy en 1770. Celui-ci observa pendant des semaines les peuples premiers de ce continent lointain et déclara :

 » Les peuples natifs de cette terre utilisent un instrument

de communication étrange et sonore ! « 

En 1842, l’explorateur Prussien LUDWIG LEICHHARDT arrive dans la ville de Sydney pour y mener 3 expéditions importantes qui permettront de cartographier l’Australie de l’OUEST jusqu’à l’EST… tout en croisant les tribus Aborigènes. Sa disparition à l’intérieur des terres australiennes, malgré plusieurs investigations menées par la suite demeure un mystère. Des rumeurs disent qu’il aurait été tué par une tribu pour être passé sur des terres sacrées sans avoir demandé d’autorisation.

Le didgeridoo est instrument utilisé lors de rituels appelés  » Corroborées « , qui sont des moments sacrés où les tribus aborigènes chantent et dansent en rendant hommage en remerçiant notre planète. Plusieurs danses telles que  » la danse du kangourou « ,  » la danse de l’aigle « ,  » la danse du chasseur  » etc. y sont évoquées par exemple.

Le didgeridoo date environ de 20 000 ans. Il est certainement l’instrument le plus “ simple “ que l‘être humain connaisse à ce jour, car c’est un instrument sans mécanique et qui fonctionne uniquement avec le souffle et la vibration des lèvres de l’homme.

Le vrai didgeridoo est fait dans un arbre d’eucalyptus dont le cœur du tronc est mangé et évidé par les termites, alors qu’il est encore en terre et bien vivant. Ce phénomène se passe uniquement dans la région du Nord de l’Australie. Bien sûr, les termites sont présentes partout sur notre planète. Mais le fait qu’elles mangent juste le coeur de l’arbre pour ensuite le laisser tel quel… cela se passe que sur cet immense continent… et personne n’a d’explication tangible à ce phénomène.

Ensuite, intervient la main de l’homme. C’est à dire que dans le cas présent il s’agit de mon ami Aborigène et moi-même qui allons couper les arbres d’eucalyptus qui sont ainsi évidés à la base. Puis nous conservons le tronc qui est donc “creux”, pour en faire un didgeridoo en passant par plusieurs étapes.

Mais avant toutes ces étapes de fabrication, sachez qu’il faut faire une demande de « permis de coupe » au gouvernement Australien, et ensuite une autre demande à la société qui gère la protection des forêts et des parcs nationaux. Sans parler également du visa adéquate en terme de travail dans un territoire autre que le sien.

Si toutefois, un fantasme vous anime du genre : vous aimeriez aller vous balader dans le Bush, au fin fond de l’Australie, et revenir avec un didgeridoo brut que vous avez coupé « à l’arrache » comme on dit chez nous. Et bien sachez que vous vous exposez à une amende de 75 000 $AUD et 1 an d’emprisonnement… donc si vous avez envie de jouer… à vous de voir !

Les étapes suivantes après la coupe sont :

– période de séchage (6 mois à 5 ans environ)

– nettoyage et traitement phyto-sanitaire

– enlever l’écorce, rabotage, ponçage

– accorder la note de l’instrument

– application de l’embouchure

– vernissage et finitions

Le joueur fait vibrer ses lèvres pour obtenir la vibration fondamentale de base ( appelé également “bourdon ou drone“ ). Puis il va ajouter des sons supplémentaires avec sa langue, gorge, voix et diaphragme, imitant ainsi la nature qui l’entoure agrémenté de rythmiques traditionnelles.

La respiration circulaire pour jouer de façon « continue », est une technique fondamentale que le joueur va utiliser. C’est à dire qu’il joue le didgeridoo sans que le son s’arrête, ce qui amène un effet “ enivrant ” lorsqu’on l’écoute attentivement.

Plus un didgeridoo est long, plus il sera grave. Le son du didgeridoo correspond à une note ( Do, Ré, Mi etc. ).

Le didgeridoo est également utilisé pour soigner de certaines maladies ou stress, comme l’apnée du sommeil. Nombreux sont les joueurs qui se sont arrêtés de fumer grâce à cet instrument de la nuit des temps !

Raphaël Didjaman.